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jeudi, 26 mai 2011

HITLER AUJOURD'HUI ?

DE L’EUGENISME EN DEMOCRATIE « AUGMENTEE »

 

Tout d’abord, je signale aux lecteurs de ce blog que la présente note prolonge celle  du 12 mai, intitulée « Eugénisme : HITLER a gagné ». En fait, ceci est un simple codicille, dont l’actualité me fournit le prétexte. Bon, c’est vrai que ce numéro du Monde date déjà du 25 (hier, au moment où j’écris : ça commence à se faire vieux). C’est au bas de la page 11. C’est intitulé « Alarmiste face au projet de loi de bioéthique, l’Eglise catholique dénonce un recul de civilisation » (en gras, les mots placés entre guillemets dans l’article). C’est signé Stéphanie Le Bars (est-elle la famille d'Hugues Le Bars, qui a habillé de musique des paroles de IONESCO : « Eh bien, Monsieur, Madame, Mademoiselle, je suis bien fatigué, et je voudrais bien me reposer » ? Morceau étonnant.). Le nom sonne breton.

 

Monseigneur Vingt-Trois (il paraît que la réserve des noms de famille en France est en train de se vider, mais avec un nom pareil, on s’est surpassé, presque autant que les Chevassus-à-l’Antoine ou Chevassus-au-Louis (authentique évidemment)), Monseigneur Vingt-Trois, disais-je, vient donc de réagir à un projet de loi. Déjà, on sent de quel côté penche Le Monde : « Alarmiste », ça pointe déjà quelqu’un qui crierait avant d’avoir été touché. En gros, « alarmiste », c’est juste avant la pathologie. L’article aborde d’entrée la tentative de « lobbying politique » de  l’Eglise. Et ça continue avec : « Quitte parfois à forcer le trait ». On voudrait faire sentir que cet individu à nom de nombre a tendance à exagérer, on ne s’y prendrait pas autrement.

 

Qu’est-ce qu’il dit, l’archevêque de Paris ? D’abord la citation de ses propos mise en gros caractères au milieu de l’article : « On ne peut pas dire : "Les handicapés, on les aime bien, pourvu qu’ils ne viennent pas au monde" ». Voilà pour la référence à ma note du 12 mai (pour ça que je passe sur les détails du projet de loi, qui feraient ici double emploi). Le reste ? « Eugénisme d’Etat », « instrumentalisation de l’être humain ». La loi discutée à partir du 24 mai constitue « un recul de civilisation », et « une certaine conception de l’être humain serait très gravement compromise ». Qu’est-ce que je dis d’autre, le 12 mai ? Le président de la Conférence des évêques de France s’inquiète de « la systématisation juridique du diagnostic prénatal ». Il s’interroge : « Les faibles, les vulnérables auront-ils encore leur place dans notre société ? ». Il dénonce un « paradoxe », dans « cette instrumentalisation de l’être humain au moment où la Commission européenne travaille à la protection des embryons animaux ».

 

Rapidement : diagnostic prénatal (qui va évidemment de pair avec le remarquable avortement thérapeutique), recherche sur les cellules souches embryonnaires, extension à tous les couples de la P. M. A. (procréation médicalement assistée, dans la langue de bois officielle), proposition défendue pas les associations de défense des familles homoparentales : voilà des aspects de la loi abordés par le prélat. La journaliste écrit ensuite (en son nom propre, donc) : « En creux, le cardinal a salué le travail des députés catholiques et de la Droite républicaine, qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour défendre les idées de l’Eglise sur ces questions ». Ben voilà, il fallait que ce fût dit : Monseigneur Vingt-Trois est un sale vieux RÉAC. Mine de rien, voilà comment s’exerce la sacro-sainte neutralité d’une journaliste du « journal de référence » Le Monde. Mine de rien, il s’agit, à dose homéopathique, d’amener le lecteur à ranger l’Eglise dans le camp des vilains : les « réactionnaires », Le Monde étant bien entendu dans celui du Bien. Personnellement, je parlerais plutôt du camp des « bien-pensants » (au sens de Bernanos). Et "en creux", j'avoue que c'est à savourer longuement.

 

Je ne suis pas catholique. Je ne suis ni croyant, ni incroyant. Pour parler franc : je m’en fous. Mais, suite à la petite analyse que je proposais le 12 mai, je ne peux que confirmer ma conclusion : HITLER, qui a voulu promouvoir l’eugénisme au rang de politique d’Etat, a bel et bien GAGNÉ. L’Eglise, quoi qu’elle dise, a d’ores et déjà subi une défaite. L’atmosphère est au consentement général (ou à l’indifférence). Et ça se passe sous la pression de groupes minoritaires, qui réclament des « droits », « à égalité avec les autres citoyens ». Comme si ces groupes étaient composés d’autres individus que des citoyens !

 

Est-ce que ce projet de loi est bon ou mauvais ? Je ne sais pas. Ce que j’observe, de nouveau, c’est qu’il adopte de façon fervente et militante des principes qu’avait commencé à mettre en œuvre quelqu’un dont il suffit de citer le nom pour faire naître dans l’oreille qui l’entend un écho immédiat du MAL ABSOLU. C’est évidemment ADOLF HITLER. Et dès lors, je m’interroge : sommes-nous sûrs, dans cette société dépourvue d’autre ennemi que l’infâme terrorisme ; somme-nous sûrs, dans ce monde qui a définitivement versé dans le camp du BIEN, qui a, en quelque sorte, « basculé du côté LUMINEUX de la Force » ; sommes-nous absolument sûrs d’avoir choisi le parti de l’humanité ? Monseigneur Vingt-Trois, qu’il soit catho, je m’en tape : son inquiétude devrait être celle de TOUS.  

 

Qu'y a-t-il de faux dans la phrase : « Les handicapés, on les aime bien, pourvu qu'ils ne viennent pas au monde. » ? Et qu'est-ce que ça a de RASSURANT, je vous prie ?

 

Le corps d'ADOLF HITLER est certainement mort. Mais ses idées ? Son PROGRAMME ? "Rassurez-vous" : tout ça est en cours d'exécution.

 

Le Meilleur des mondes est parmi nous.

 

 

 

lundi, 23 mai 2011

APRES LE SEXE, LE SPORT

LES COÏNCIDENCES QUI TUENT

 

C’est parfois drôle, la tyrannie de l’actualité, pas souvent, mais de loin en loin. Voyez, moi, ce matin, je poste ce billet sur le sexe comme addiction. Eh bien, tu le crois ou tu le crois pas, mais dans Le Monde de ce soir (daté demain), je tombe, en page 2, sur « Quand la relation au sport devient pathologique ». Oui c’est drôle, la tyrannie de l’actualité. Je cite : « besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités sportives ». Les conséquences à long terme sont redoutables. « 10 à 15 % des sportifs ayant une pratique intensive souffrent en réalité d’une véritable addiction. » Est-ce que par hasard nous vivrions dans une SOCIÉTÉ D’ADDICTION ? (Cela veut dire une SOCIÉTÉ DROGUÉE.) Je pose juste la question.

DU SEXE DANS LA SOCIETE MARCHANDE

SEXE, ADDICTION et VIDEO

 

Je ne vais pas revenir sur l’affaire dans laquelle vient d’être « mouillé » (pardon, ça m’a échappé) Dominique Strauss-Kahn. Le feuilleton a pris dans les médias sa vitesse de croisière, pépère : on n’est plus à la une, il faut chercher en pages intérieures. Dans les journaux, une salade chasse l’autre. Je dirai simplement qu’il n’y a peut-être pas de hasard si celle-ci arrive aux Etats-Unis, pays atteint, quant au sexe, de névrose obsessionnelle, je dirais « névrose oxymorique » si l’expression existait. L’oxymore, je rappelle, c’est la formule qui présente deux termes logiquement impossibles à associer (« le soleil noir » de Nerval, le « feu glacé » du Roméo de Shakespeare).

 

Vous me direz, pourquoi névrose oxymorique ? Pour faire court : d’un côté le matraquage d’une propagande frénétique qui ordonne à chacun de consommer et de jouir ; le développement d’une industrie du porno (j’ai oublié le nom du pape qui règne sur le film X) ; l’exacerbation de tous les désirs. – De l’autre, un encadrement puritain très strict des rapports entre hommes et femmes ; une codification tatillonne de ce qui se fait et ne se fait pas, avec en arrière-fond la qualification d’un délit, les menottes, le tribunal (est-il vrai, mais j’ai du mal à le croire, qu’il existe dans certaines universités, un « code de bonne conduite sexuelle » que les étudiants sont invités à signer avant d’y entrer ?) ; en gros et en bref, l’interdiction plus ou moins officielle de ce que, en France et pendant des siècles, on a appelé séduction (au secours Marivaux !). Il y a de quoi enfermer la pauvre population masculine, ainsi prise en tenaille, pour schizophrénie.

 

Restons en France. En 2002 dans Marianne, Philippe Muray se gausse (« Malbaise dans la civilisation ») de l’affrontement qui a opposé, d’un côté, le CSA, aidé de l’ineffable Christine Boutin, qui voulait interdire les films porno à la télévision, et de l’autre, tous les tenants de la liberté d’expression culturelle incarnée pour l’occasion, par lesdits films. J’adore personnellement le fait qu’à propos de porno on puisse parler de culture (mot qui amène immédiatement le jeu de mot, non ?). Il est certain que le sexe s’est banalisé, qu’on en parle au quotidien, de façon forcément « décomplexée » (je me marre). Il est certain que se passer un petit porno le samedi soir quand on s’ennuie devant la télé, n’est plus exceptionnel, ni même clandestin. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’un ami me racontait qu’il regardait des pornos avec son fils qui devait avoir dix ou douze ans. Ne m’en demandez pas plus.

 

L’accès au sexe libéré est donc d’une facilité aujourd’hui incomparable, et imparable. Vous avez le salon « éros » (pauvre éros, quand même !). Vous avez des rayons entiers de DVD spécialisés, pour tous les goûts. Vous pouvez choisir votre assortiment de « sextoys » personnalisé : vous, c’est plutôt le classique vibromasseur (avec ou sans télécommande, avec ou sans « fioritures ») ou « boules de geisha » ? Vous avez toutes sortes de BD, de romans photos, etc. Vous avez toutes sortes de boîtes où sortir en couple, pour « échanger » (ça pimente la relation, et puis c’est moderne, on vous dit). Bref : on est au supermarché, avec son caddie, on passe dans les rayons, puis on passe à la caisse (ah oui ! Il faut savoir ce qu’on veut !). Quelqu’un (je ne cafterai pas) me parlait, il n’y a pas longtemps, d’une visite qu’il a faite à une amie en compagnie de son fils (environ huit ans), qui, s’étant mis à fouiner partout, tombe sur un « objet » qui se met soudain à vibrer : « Papa, qu’est-ce que c’est ? ». Tête du père. La femme pas gênée pour deux sous.

 

Tout cela offre un tableau triomphant du progrès, évidemment. Bon, il y a quelques revers à la médaille. Une fois les parents partis chez des amis, qu’est-ce qui m’empêche de mettre un DVD dans l’appareil ? Personne. Pas même la « cachette », quand ils en ont imaginé une. « Ben comme ça, ça leur fait au moins une éducation sexuelle, c’est mieux que rien ! » Je veux, mon neveu ! J’en veux de ce genre d’éducation : au moins, les gamins n’attendront pas l’âge adulte pour savoir ce que c’est qu’une verge en érection, une chatte qui mouille, un ramonage en règle, et par tous les trous ! Et à deux, à trois, en tas ! Le progrès, je me tue à vous le dire. Et puis c’est bien : c’est paraît-il de plus en plus tôt. Comme initiation à la mécanique, avant d’entrer au lycée professionnel, c’est bien, comme apprendre l’écriture en maternelle, tiens !

 

Alors le résultat, vous me direz ? Le résultat se trouve, par exemple, dans Le Monde daté 22-23 mai, à la page 24. C’est signé Martine Laronche, intitulé « Quand le sexe prend les commande », et sous-titré : « Les patients qui souffrent d’addiction sexuelle sont de plus en plus nombreux à consulter ». Vous avez bien lu : « addiction sexuelle ». Peut-être que pour Strauss-Kahn, c'est ça, après tout ? Ce n’est pas (encore) répertorié parmi les troubles mentaux : c’est une « dépendance  comportementale » (belle trouvaille !). L’addiction sexuelle touche davantage les hommes que les femmes. Les Américains (toujours eux) développent les études à son sujet. Sous-entendu, sans doute : la France est en retard, quoiqu’un peu de bon sens nous reste, car certains (professeur de psychiatrie, par exemple) considèrent qu’il s’agit d’un « raccourci médical » (la formule reste douce).

 

Bon, je ne vais pas vous résumer tout l’article. Seulement le cas de « ce patient de 29 ans qui consulte pour une double addiction : aux sites pornographiques depuis l’âge de 10 ans et au sexe depuis ses premiers rapports, à 15 ans ». Il a quand même mis cinq ans pour passer du virtuel au réel, pour passer de l'image à l'acte. Toujours est-il qu'à 29 ans, c’est déjà un vieux routier. « Il a un besoin impérieux d’avoir des relations sexuelles plusieurs fois par jour, recherche en permanence les effets excitatoires [introuvable au dictionnaire, soit dit en passant] des images X ». Il s’ensuit pour lui une spirale de souffrance : il y a la dépendance (je peux pas m’en passer), et l’accoutumance (il faut m’augmenter mes doses). Bref, il doit se soigner. Et s’il doit se soigner, c’est qu’il est malade (vous alliez le dire).

 

Tout doucement, donc, mais pas si doucement que ça, finalement, la vie sexuelle (pas de tout le monde, j’espère) se transforme en maladie, en pathologie. Et si je dis que celle-ci nous vient des Etats-Unis puritains, je vais encore me faire traiter d’anti-américain. Je préfère donc, avec Philippe Muray, évoquer le triomphe du protestantisme anglo-saxon sur la latinité catholique. Entre ces deux religions chrétiennes, vous avez déjà deviné celle que je préfère.

dimanche, 15 mai 2011

L'ETAU SE RESSERRE

Je vous raconte le dessin de SERGUEI paru, p. 15, dans Le Monde daté 15-16 mai 2011 (c’est du tout frais pondu, la maison travaille « à flux tendu », bien qu’elle ait pas mal de stock en magasin). Le titre : « Sécurité routière ». Le soleil braque un radar. Un épouvantail dissimule une caméra. Un gendarme manoeuvre son radar. Deux autres boîtiers mal identifiés, mais sûrement peu sympathiques. La femme dit à son mari, qui conduit : « Tu as bien mis ta ceinture ? Tu as enlevé l’avertisseur ? Tu n’as rien bu ? Tu n’as pas dépassé les 50 ? ». Le mari répond, tétanisé sur son volant : « On n’est plus en sécurité ». 

 

Il se trouve que, ce matin même, l’excellente (pas toujours, mais le plus souvent) émission de RUTH STEGASSI « Terre à Terre », sur France Culture, rendait compte d’une rencontre avec Gérard Pagès, Sébastien Delpech, Anna Labrousse et Babette Védoit. Ils sont tous ELEVEURS DE MOUTONS (dans le sud ouest de la France, à ce que j’ai compris). Lecteur bénévole, je sais, tu te demandes : « Quel rapport, Alexipharmaque, avec les contrôles pour la sécurité routière ? » Là, moi, je dis : « On est en plein dans le même sujet. – Prouve-le, blogueur ! – Je le prouve, lecteur : tous ces éleveurs de moutons ont déposé les statuts d’une association intitulée FAUT PAS PUCER. » 

 

J’explique : l’Europe, en dehors de réglementer la longueur et la résistance des PRESERVATIFS MASCULINS, le diamètre et la qualité des VIS et des ECROUS, la consistance et le goût des YAOURTS, elle distribue des subventions dans le cadre de la P. A. C. (Politique Agricole Commune). Et alors, dira-t-on ? Eh bien, en tant que dispensatrice de rémunérations aux agriculteurs, elle veut savoir exactement où va son bel argent, et si la dépense est justifiée. Après avoir admis que ceci n’est pas complètement absurde, je note quand même le statut du petit (ou du moyen) paysan (il paraît que ce dernier mot n’a plus cours : on dit « agriculteur ») : il est devenu un MENDIANT. Quelle que soit l’analyse qu’on peut faire du phénomène, quelqu’un dont l’existence ne pourrait pas continuer sur le même mode sans l’argent que quelqu’un lui procure, on appelle ça un MENDIANT (voir tous les festivals,  associations, institutions, groupements à VISEES CULTURELLES, dont l’une des activités les plus prenantes consiste à rechercher les « partenariats », les « sponsors » et autres « mécènes », ou a attendre, à réclamer LA subvention, mais ne nous égarons pas).

 

L’Europe, pour savoir si l’argent dispensé va bien où elle a voulu qu’il aille, il est indispensable qu’elle CONTROLE. Alors là, le lecteur commence à comprendre le lien entre sécurité routière et élevage de moutons. Je précise : Madame Europe a trouvé un moyen imparable : la PUCE « R. F. I. D ». (Radio Frequency Identification, en anglais). Je traduis : le mouton est immédiatement, électroniquement repérable et comptabilisable. La bête se dématérialise. L’éleveur aussi. D’ailleurs, au surplus, tout ça montre qu’il est d’abord un SUSPECT a priori, un fraudeur en puissance. Comme le dit un des éleveurs interrogés, l’animal vivant devient un flux de données informatiques. L’éleveur de moutons est exactement dans la même situation que le conducteur de SERGUEI. Et tout se passe en « temps réel ». La photo aérienne est mise à contribution pour établir les surfaces, le nombre des piquets qui délimitent ces surfaces, le nombre des bêtes qui y paissent, enfin tout. La réputation officielle du mouton (tu sais, lecteur : Panurge, moutonnier, grégaire, politiquement correct, bien-pensant...) n'avait vraiment pas besoin de ça.

 

Voilà le monde qui se présente : au nom des morts sur les routes, au nom de la traçabilité, au nom de la transparence, au nom de l’hygiène des poumons, au nom de la santé (le foie, le cœur, le côlon transverse et le grand côlon, la prostate, et que sais-je ?), au nom de la sécurité des innocents dans les aéroports et des citadins dans les rues des villes, bref : au nom du BIEN qu’on nous veut, on rétrécit l’espace vital et respirable de chacun. Mais, objecteras-tu, lecteur bénévole, si on n’a rien à se reprocher, quel mal y a-t-il à ça ? Je répondrai, lecteur insouciant, qu’avec un raisonnement comme celui-là, on va très loin.

 

Réfléchis. Un tel argument amène tôt ou tard, forcément, celui qui guette derrière son écran de contrôle à zoomer sur des détails de plus en plus fins, précis de ce qui constitue ton existence. Il viendra épier les plus menues circonstances de ton quotidien pour vérifier si rien ne cloche, si TOUT ce que tu fais est bien CONFORME aux règles édictées « démocratiquement » par la collectivité pour LE BIEN DE TOUS. Le filet moral se referme sur toi. La police est entrée dans ta propre personne. Le gendarme n’a plus besoin de se déplacer, ni même de se montrer : tout citoyen vit en permanence avec l’œil de ce moderne BIG BROTHER dans la tête. Pendant ce temps, tout dérapage par rapport à la GRANDE CONFORMITÉ est désigné, dénoncé, attaqué avec le plus d’unanimité possible, dans le bue de conforter le conforme.

 

FRANZ KAFKA écrit quelque part (Lettre sur l’éducation des enfants ?) que l’ultime liberté de l’individu est la liberté de disparaître. Ce qui ne renvoie pas forcément au suicide : disparaître, ça concerne quelques milliers de personnes par an, en France. Une autre liberté essentielle consiste à MAL AGIR, c’est-à-dire à choisir délibérément de s’écarter de la norme, pas forcément de façon terrible et voyante, et d’aller à l’encontre de ce que la règle ordonne (traverser en dehors des clous, ne pas céder sa place assise à une vieille dame, taguer un mur tout neuf et tout vierge, tirer les oreilles de la petite sœur, etc.) : de ne pas faire bien. Juste une petite infraction comme ça, gentille et en passant, pour mesurer ce qui reste d'espace libre et respirable. Juste une petite entorse au règlement, pour se faire plaisir. Juste une petite transgression de l'ordre établi pour réchauffer le désir d'exister. Ne me dis pas, lecteur, que tu te l'interdis 24/24 et 7/7.  Mais si un espion de la loi est installé en toi au poste de commande, que vas-tu FAIRE de ces libertés ? Et ces libertés, si tu n’en fais pas usage, A QUOI ÇA TE SERT D’ÊTRE LIBRE ? Le jour où chacun de nous sera "équipé" d'une puce R. F. I. D., la société BIG BROTHER aura fait définitivement main basse sur les morceaux d'humain vraiment vivants qui restaient de nous.